22 juin 2024

j’ai vu « werther » à la télé…



 

Hier soir sur Mezzo, rediffusion de l’unique « Werther » de ce début du XXIe siècle. Celui de Jonas Kaufmann, Sophie Koch, sous la direction légendaire de l’immense Michel Plasson. Je ne dois, cependant, pas oublier, Ludovic Tézier, Anne-Catherine Gillet et la superbe miser en scène de Benoît Jacquot. C’était à l’opéra de Paris en 2010. Plasson imprime un génial Massenet de bout en bout, sans la moindre faille. Le duo Kaufmann-Koch restera dans les annales par sa spontanéité, sa justesse des personnages, sa musicalité, son intelligence du texte, sa splendide vérité dont on ne peut plus se détacher. Tous deux s’expriment par la beauté suprême de leur voix et l’expression raffinée de leurs regards qui fixent et déroulent leur monde propre dans un amour indéfinissable et impossible. Une pure merveille. Et comment ne pas faire remarquer que Kaufmann était sans doute – en 2010 - le dernier des ténors vivants, avant de sombrer lui-même dans la barytonisation des ténors wagnériens. Plus jamais on ne pourra écouter « Werther » autrement. Courrez acheter le DVD…   


18 juin 2024

mes trois soirées à berlin…

Yi-Chen Lin

 


 

Il m’arrive de m’absenter pour retrouver le Deutsche Oper Berlin, avec lequel j’ai, depuis plusieurs années, noué des relations solides, laissant définitivement mon cher opéra de Lyon où j’ai fait mes premières armes, dans la fosse, sous les directions d’André Cluytens, Richard Kraus, Horst Stein, sans oublier Edmond Carrière, chef titulaire, qui a beaucoup appris à l’étudiant que j’étais. Cette fois, ce fut Intermezzo (Richard Strauss), Madama Butterfly et Tosca (Giacomo Puccini). Je vais résumer en écrivant : « Du sublime à la fosse septique. » Je retiendrai, de mon séjour, les magnifiques sonorités de Strauss, son humour et son imagination, subtilement traduites par un orchestre somptueux, un chef attentif, des artistes accomplis et une mise en scène imaginative que Richard aurait sans aucun doute pleinement savourée. Un sommet. Et le lendemain, sommet sur le sommet. Yi-Chen Lin dirigeait « Madama Butterfly ». Avec peu de gestes, une baguette précise et une main gauche caressante, elle a suivi son idée, et l'a conduite sans faille du début à la fin, intégrant parfaitement les artistes et les chœurs qui, d’un même élan, ont donné à l’œuvre une unité si parfaite qu’il me semblait entendre le « Tristan » de Furtwängler. Une jeune cheffe fabuleuse que je n’hésite pas à comparer à Mirga Gražinytė-Tyla, elle aussi jeune cheffe – lituanienne - que j’ai vu à la tête du Philharmonique de Munich, diriger, à Lucerne, la 2e de  Gustav Mahler. Yi-Chen Lin a conduit Butterfly au triomphe, d’autant que la mise en scène, déniaisée des japonaiseries, était d’une grande beauté. Et puis vint le troisième soir. Grigolo, un farfelu qui, comme Alagna, se prend pour un ténor, est venu sur scène pour hurler et défigurer le rôle de Mario. Pitoyable, lui et les autres, tous, artistes et orchestre (pourtant le même que les deux soirées précédentes), sous la direction d’un pantin qui n’avait – semble-t-il - jamais entendu parler de Puccini et de sa Tosca. Après le Te Deum (1e acte), j’ai fui la salle sous l’œil étonné du portier. Ainsi s’est terminée mes soirées berlinoises.

La prochaine saison, je tente Tristan et Macbeth et peut-être d’autres merveilles…