Ce matin, je me suis réveillé avec deux têtes de chevaux à mes côtés. D’en haut, je vis ma tête au côté de deux têtes d’équidés, puis une troisième, les draps couvrant les corps. J'eus la même impression que lorsque je découvris la tête de Ruth Davenport sur le corps du Major Briggs. Le troisième cheval voulut aller sur le balcon. Je craignis qu’il érigeât des crottins en tas. Je le retins et le remis au lit. Cette étrangeté était-elle la continuité de mon voyage à Londres où les fiacres étaient conduits par des portiers au volant de machines à vapeurs dirigées par des chevaux de bois et où, au-dessus des têtes, dans le sillage des rues, les gens voyageaient dans des cigares volants ? Peut-être était-ce aussi l’image de la femme morte qui vivait les crédulités et les phantasmes du cerveau de son enfant qu’elle s’était appropriée ? Celui qui prend possession du psychisme de l’autre est le pervers dont il faut se débarrasser, et pour cela, fuir, fuir et toujours fuir. Ou alors, pousser la porte du cabinet de Freud pour y chercher son miroir, le trouver, s’y regarder, s’y reconnaître et le traverser. Combien de psychismes sont celui de l’autre ?

